Des chemises à fleurs, mais pas que
Au même titre que la sciure, la chemise Edelweiss est un incontournable de la lutte suisse. L’un de ses plus grands fabricants nous livre ses secrets lors d’une visite de son atelier.
Dans l’atelier situé Lenggasse 4 à Meiringen, les machines à coudre bourdonnent. On coupe les tissus et on repasse les différentes pièces pour les cols et les manchettes. «Bienvenue dans notre atelier», lance Samuel Jenni en nous accueillant pour la visite de l’entreprise familiale qu’il dirige avec son frère et sa sœur. Outre les sites de production au Tessin et en Slovénie, où sont réalisées des collections plus importantes, notre ate- lier s’occupe ici principalement des petites séries, des ajuste- ments et des fabrications spéciales. Samuel est responsable du marketing et de la conception de l’assortiment. Le nouvelle collection va arriver sous peu: «Nous sommes en train de lancer la ligne streetwear actuelle. Il s’agit de vêtements de style urbain qui intègrent élégamment le tissu edelweiss, par exemple à l’intérieur de la capuche d’un sweat.»
La mode folklorique redécouverte à l’étranger
Samuel a grandi sur fond d’edelweiss. Il y a plus de 45 ans, ses parents ont commencé à fabriquer des chemises et à les vendre dans leur «Märithüsli», près du Musée de l’habitat rural de Ballenberg. «Plus jeune, je trouvais évidemment le tissu Edelweiss plutôt ringard.» Mais plus tard, son regard sur la chose change radicalement: «Lors d’un voyage au Mexique, j’ai remarqué que les motifs folkloriques étaient également présents dans la rue au quotidien, par exemple sur les sacs. Cela m’a plu et j’ai voulu
faire de même avec l’edelweiss.» C’est ainsi que ce passionné de skateboard et de snowboard a créé il y a 13 ans une collection qui porte sa signature.
Motif edelweiss original
La ligne classique comprend la chemise Edelweiss originale, qui a fait la renommée de l’entreprise. Mais que signifie original dans ce contexte? Pour nous l’expliquer, Rea Jenni, la sœur de Samuel, déroule un rouleau de tissu sur la table: «La chemise Edelweiss classique est bleu clair. Le tissu 100% coton est tissé à partir d’un fil à double torsion, ce qui le rend particulièrement résistant.» Traditionnellement, elle se porte à manches longues, avec un col montant boutonné à moitié. «Autre signe distinctif: la large fleur sauvage des montagnes, qui correspond au modèle original conçu par l’usine de tissage Gugelmann de Roggwil pour les premières chemises.»
Une chemise de travail devient l’icône de la lutte suisse
À l’origine, la chemise Edelweiss était portée pour le travail. À partir des années 1970, sa variante à manches courtes et à coupe large est portée lors des compétitions de lutte du fait de la robus- tesse et de la souplesse du tissu. Et en raison d’une demande croissante pour des coupes ajustées, les Jenni ont développé un modèle élastique en tissu jersey avec fermeture éclair et impression Edelweiss. «Le tissu sèche plus rapidement et la sciure y adhère moins», explique Rea. Lorsque les chemises sont
portées dans le contexte sportif, une attention particulière est portée aux boutons. Pour éviter qu’ils ne soient arrachés lors des duels de lutte suisse, ils sont doublement cousus et les extré mités des fils sont soudées. Autre particularité: la couleur choisie enfant par le lutteur pour sa première chemise Edelweiss est conservée pendant toute sa carrière. Mais contrairement à une idée répandue, les couleurs n’auraient aucune signification particulière. «À la différence des costumes traditionnels, la chemise Edelweiss ne présente pas de différences régionales: elle est identique dans toute la Suisse», explique Samuel.
Faire face à une demande en hausse
La clientèle des Jenni vient principalement des zones rurales. «Mais après la fête fédérale de lutte suisse à Zoug, nous avons subitement reçu des demandes en provenance de Zurich», observe Samuel. Outre les fêtes de jodel, l’Edelweiss est de plus en plus porté lors des fêtes populaires ou des mariages. Pour ce qui est de la prochaine Fête fédérale de lutte suisse et des jeux alpestres dans le pays de Glaris, la demande actuellement modérée va bientôt augmenter. Samuel le sait par expérience: «Le grand rush aura probablement lieu en août, juste avant la FFLS.»
