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Art - Sigrun Gunnarsdóttir

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À propos Art - Sigrun Gunnarsdóttir

L’artiste Sigrun Gunnarsdóttir est née sur l’île d’Eiði. C’est ici qu’elle a grandi, ici que son intérêt pour les beaux-arts a commencé, et ici qu’en tant qu’artiste professionnelle, elle a développé son propre univers pictural très caractéristique.

Les tableaux de Sigrun Gunnarsdóttirs sont à la fois simples et composés, ils communiquent avec nous sans tapage, tout en nous faisant réfléchir. Elle traite des choses de l’humain, et ses tableaux posent toutes sortes de questions existentielles. Les motifs de Sigrun proviennent notamment de contes, des relations entre les générations, du Groenland et d’histoires connues ou personnelles.

Ses premières œuvres illustrent clairement sa maîtrise totale de la technique naturaliste, mais au milieu des années 90 elle a pris un virage vers un univers pictural symbolique, avec une expression simplifiée pouvant comporter aussi des éléments surréalistes. C’est un univers caractéristique qu’elle continue depuis lors à développer. Elle s’éloigne du motif réel et commence à peindre à partir de ses pensées.

Sigrun Gunnarsdóttir a fait preuve d’intérêt pour le dessin depuis l’enfance, et elle a par ailleurs grandi en voyant les œuvres et en entendant parler du premier peintre paysager des Îles Féroé, son grand-père Niels Kruse (1871-1953). Sigrun a toujours su qu’elle voulait être artiste, et sa vocation était encouragée par sa famille. En 1971, à l’âge de 21 ans, elle part à Copenhague pour suivre des cours à l’école de dessin du musée Glyptoteket (1971-73), où Robert Askou Jensen est l’un de ses professeurs. Il l’encourage à postuler à l’Académie Royale de Beaux-Arts où elle est admise pendant la période de 1973 à 80. Ses professeurs sont notamment Wilhelm Freddie et Sven Dalsgaard. En 1980, elle s’installe de nouveau sur Eiði où se trouve encore son atelier à ce jour.

Au cours de sa carrière, Sigrun Gunnarsdóttir a exposé de nombreuses fois en solo ou en groupes. Ses tableaux ont été vus très largement, non seulement en Scandinavie, mais également entre autres au T.A.G. Gallery à New York, au Sunshine International Museum à Beijing et au JARFO Art Gallery à Kyoto. En 2018 elle produit sa première exposition rétrospective au Musée d’Art des Îles Féroé. Elle a en outre décoré des églises et des bâtiments officiels aux Îles Féroé.

Deux portraits de mères

Dans le premier tableau, Mère Teresa à Eiði (2019), nous voyons une femme âgée assise avec son tricot. Elle porte des vêtements de tous les jours, et sur la table devant elle se trouvent deux drýlar* fraîchement sortis du four et une Bible. On s’imagine l’odeur de pain frais, le cliquetis des aiguilles et le doux bruit des skóleistar* douillets sur le sol. A ses pieds est couché un gentil chien, et sur le mur est accroché un tableau de mère Teresa. Par la fenêtre de la cuisine on aperçoit une vue magnifique. Le tableau correspond à la fois à un lieu et à un temps spécifiques, à savoir une cuisine particulière Yviri à Gjógv sur Eiði, qui a précisément cette vue-là sur les pitons rocheux de Risin et de Kellingin. Il s’agit du portrait d’une femme véritable connue de tous dans le village.

Le second tableau nous invite également à pénétrer dans l’intimité de la cuisine d’une femme âgée. La femme semble confiante, avec de grands bras et des mains puissantes. Vêtue d’un tablier, elle est en train de couper une tranche de pain pour sa petite-fille. La relation entre les deux est au centre du tableau. Sur la table jaune vif est posée une Bible noire, et tout à droite derrière la femme, une porte ouverte encadre le tableau. Tout comme dans le premier tableau, les nombreux éléments semblent remarquablement harmonieux. La composition et les grandes surfaces colorées sont en équilibre, et les différentes nuances de la douce couleur bleue relient le premier plan et l’arrière-plan pour unifier le tableau, soulignant ainsi l’atmosphère calme et familière.

Les vieilles femmes constituent un motif principal dans l’art de Sigrun Gunnarsdóttir, et depuis presque deux décennies elle en a peint différentes versions. Ici, Sigrun a peint respectivement sa mère et sa grand-mère, mais grâce à la représentation simple et précise, le motif acquiert une signification universellement humaine : une représentation d’un archétype qui trouve un écho jusque de l’autre côté de la terre, celui de la sagesse et des bons soins d’une mère endurcie par les combats de la vie, confiante dans sa foi dans un sens supérieur, par opposition à l’individualisme autocentré d’aujourd’hui.

Le motif de la mère de l’artiste est bien connu, et dans l’histoire de l’art des Îles Féroé on trouve des exemples tels que Portrait de ma mère de Sámal Joensen-Mikines de 1934, Portrait, la mère, environ 1955 par Ruth Smith, Ma mère, peint par Ingálvur av Reyni en 1971 et La mère de l’artiste, peint par Zacharias Heinesen en 1992, des représentations différentes et intimes dans des styles respectivement expressif, naturaliste et expérimental sur les formes et les couleurs. La contribution de Sigrun Gunnarsdóttir à l’histoire de l’art féroïen est assez différent ; son style est simple - on pourrait même le qualifier de naïf - et symbolique.

Les tableaux de Sigrun Gunnarsdóttir racontent des histoires. En plus des motifs, elle construit ses tableaux avec des symboles, des citations et d’autres objets qui parlent du quotidien. Et, d’une façon qui la caractérise, son point de départ est souvent la foi chrétienne. Nous reconnaissons ses symboles car ils reviennent d’un tableau à l’autre, et qu’ils soient issus du christianisme ou d’une nature plus générale, ils acquièrent leur sens dans chaque contexte, avec le concours de l’observateur bien entendu. Un exemple est la porte, qui suggère le passage de la vie terrestre à la vie invisible de l’autre côté de la porte pour ces vieilles femmes dont la vie approche de la fin. En regardant attentivement le premier tableau, vous verrez un tout petit oiseau par terre entre la femme et le chien qui le regarde tranquillement. Il n’a l’air de rien, n’attire par l’attention, mais il est aussi important que le reste. Comme un écho de la citation dans le tableau de mère Teresa : « Be faithful in small things because it is in them that your strength lies » (« Soyez fidèles aux petites choses, car sur elles repose votre force »). Et en dernier, mais pas des moindres, le pain. Dans le christianisme, le pain représente notamment le corps du Christ, le partage et la nourriture à la fois concrète et spirituelle, comme il est dit « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ». Les œuvres de Sigrun Gunnarsdóttir traitent de ce qui touche les hommes, et ici le pain peut représenter tout simplement le besoin fondamental de nourriture spirituelle que nous avons tous en commun. Le second tableau est ainsi intitulé Le pain qui assouvie la faim (2014), et c’est ici la relation entre les générations qui est abordée. Le tableau pose la question du souvenir, de ce que ça veut dire de se sentir chez soi, de l’atmosphère et de ce qui en découle.

Mirjam Joensen
Historienne d’Art