Serbes Éminents

Luka Ćelović – Trebinjac
Luka Ćelović – Trebinjac (Pridvorci près de Trebinje, 18 octobre 1854 – Belgrade, 15 août 1929) était un célèbre marchand, financier, bienfaiteur et donateur, l'une des personnes les plus riches de Serbie au début du XXe siècle et un grand mécène de l'Université de Belgrade.

Il fit ses études primaires à Trebinje, fit un apprentissage de commerce à Banja Luka et Brčko et, à partir de 1872, fut apprenti chez Petar Radosavljević et Mita Ignjatović à Belgrade. Engagé volontaire, il rejoignit les insurgés en Herzégovine à l'été 1875 et, à partir de 1876, il s'engagea dans l'armée serbe pendant les deux guerres serbo-turques. À l'automne 1878, il commença à se lancer dans le commerce à son compte. Dès 1882, en tant que commerçant réputé, il participa à la fondation de la Coopérative de Belgrade, destinée aux petits et moyens commerçants, artisans et fonctionnaires, et se consacra pleinement à ses activités.

Il fut élu membre du Comité directeur de la Banque nationale de Serbie en février 1912 et, la même année, par décret de Son Altesse le roi Pierre Ier du 7 février, Luka Ćelović fut nommé membre du Conseil des dotations du ministère de l'Éducation, dont il resta membre jusqu'à sa mort.

Pendant la Première Guerre mondiale, en tant que membre du Comité directeur de la Banque nationale, il participa à l'évacuation du trésor de la Banque nationale avec Đorđe Vajfert et Marko Stojanović, d'abord vers Thessalonique, puis vers Marseille, où il resta jusqu'à la fin de la guerre, aidant nos blessés et nos réfugiés.

Luka Ćelović a largement contribué au changement d'identité visuelle de Belgrade, d'abord en construisant une maison familiale à Savamala, au 1 rue Kraljevića Marka, construite en 1903 par l'ingénieur Miloš Savčić, puis en participant à la construction du Palais de la Coopérative de Belgrade, du magnifique hôtel « Bristol » et de la Bourse. Sur son domaine, aujourd'hui rue Karađorđeva, il aménagea un grand et magnifique parc qu'il visitait chaque matin. Il légua l'ensemble de ses biens à l'Université de Belgrade. Il a fondé la « Fondation de Luka Ćelović – Trebinjac, marchand belgradois » en 1926.

Enriko Josif
Enriko Josif (Belgrade, 1er mai 1924 – Belgrade, 13 mars 2003) était un compositeur, pédagogue, compositeur, professeur et membre de l'Académie serbe des sciences et des arts.

Hayim Yosif est né dans une famille juive séfarade, mais son père, Mosha Yosif, marchand et représentant de sociétés allemandes et italiennes, passionné de musique et admirateur du célèbre ténor italien Enrico Caruso, l'appelait affectueusement Enriko. Sa mère, Sofia, éduquée en Suisse, était traductrice et membre du PEN club international.

La famille Josif a passé les années de guerre en exil. Après la guerre, ils sont retournés à Belgrade, où Enriko a poursuivi ses études et a obtenu son diplôme du Premier Lycée de Belgrade. Il est diplômé de l'Académie de musique dans la classe du professeur Milenko Živković en 1954. Il débute sa carrière de pédagogue musical en 1955 à l'École de musique junior « Vojislav Vučković » (1955-1956) et à l'École de musique secondaire « Kornelije Stanković » (1955-1957). Il devient maître de conférences adjoint au département de composition de l'Académie de musique en 1957, sous la direction de son professeur Milenko Živković. En 1961 et 1962, il séjourne à Rome pour poursuivre ses études, et après la mort subite de Živković en 1964, il reprend la chaire du département de composition. Il a été élu professeur adjoint en 1965, puis professeur associé en 1970, avant d'obtenir le titre de professeur titulaire en 1976. Il a exercé cette fonction jusqu'à sa retraite en 1989.

Il a été élu membre correspondant de la SANU en 1991 et en est devenu membre titulaire en 2000. Il a composé de nombreuses œuvres vocales et instrumentales, de chambre, chorales et orchestrales, dont les plus célèbres sont la « Sonate Antika », la « Mort de Stefan Dečanski », le « Concerto pour piano et orchestre » et « Hamlet ».

Enriko Josif est décédé à Belgrade le 13 mars 2003. Il a été enterré au cimetière juif.

Vladeta Jerotić
Vladeta Jerotić (Belgrade, 2 août 1924 – Belgrade, 4 septembre 2018) était médecin, neuropsychiatre et psychothérapeute, professeur, philosophe, écrivain et membre de l'Académie serbe des sciences et des arts. Diplômé du deuxième lycée masculin de Belgrade, puis de la faculté de médecine en 1951, il s'est spécialisé en neuropsychiatrie en 1957. Il s'est spécialisé en psychothérapie en Suisse, en Allemagne et en France de 1958 à 1961.

Jusqu'en 1963, il a travaillé comme assistant à la clinique universitaire de neurologie. Lorsque le premier service de psychothérapie a été créé à l'hôpital « Dragiša Mišović », Vladeta Jerotić a rejoint le Dr Vladislav Klajn, son primat. Au cours de ses décennies de travail sur le développement de la psychothérapie en Serbie, il a acquis une vaste expérience auprès des patients et a obtenu le titre de Primarius.

En 1985, à la Faculté de théologie orthodoxe, il a participé à la création du Département de psychologie pastorale et de médecine et s'est entièrement consacré à la pédagogie et à la science, abandonnant définitivement l'hôpital et la psychothérapie. Son intérêt, qui dépassait la médecine et nourrissait son esprit de recherche, a conduit Jerotić à l'anthropologie culturelle et a donné lieu à plus de 70 ouvrages et plusieurs centaines d'articles scientifiques dans les domaines de la psychothérapie, de la sociologie, de la psychiatrie sociale et de la philosophie. Outre ses nombreuses activités journalistiques et ses travaux de recherche, il a donné une série de conférences en Yougoslavie et en Serbie.

Depuis 1984, Vladeta Jerotić était membre de l'Association des écrivains. Il était également membre régulier de l'Académie des sciences médicales et membre de la Société médicale serbe (section psychothérapeutique), de la Société psychothérapeutique de Yougoslavie, ainsi que de l'Association Jung de Belgrade. Il a été élu membre correspondant de l'Académie serbe des sciences et des arts, département des langues et des lettres, en 1994, et membre titulaire en 2000. Il a reçu de nombreuses distinctions et récompenses pour ses travaux scientifiques et son engagement social. Il est décédé le 4 septembre 2018 à Belgrade.

Mira Trailović
Mirjana Mira Trailović (Kraljevo, 22 janvier 1924 – Belgrade, 7 août 1989) était une éminente metteuse en scène de théâtre et de cinéma yougoslave, l'une des fondatrices et longtemps directrice d'Atelje 212, l'un des plus importants centres théâtraux de l'ex-Yougoslavie. Sa contribution à la culture de notre région est d'une importance capitale, et ses œuvres ont laissé une empreinte profonde et durable.

Née dans une famille bourgeoise, son père était traducteur et sa mère professeur. Elle entra dans la vie publique comme présentatrice à Radio Belgrade en 1944, où elle devint plus tard directrice et rédactrice du programme dramatique. Diplômée en mise en scène en 1956 à la Faculté d'art dramatique de Belgrade, elle y enseigna ensuite la mise en scène radiophonique. Dans le cadre de son mémoire de fin d'études, elle mit en scène un concert de « Faust » de Goethe lors de l'inauguration d'Atelje 212, le 12 novembre 1956.

La création du théâtre Atelje 212, alors avant-gardiste et réputé pour ses spectacles innovants, souvent à la croisée des chemins, mais aussi extrêmement populaires auprès du public, est l'une des réalisations les plus marquantes de Mira Trailović, mais pas la seule. Avec Jovan Ćirilov, elle fonda le Festival international de théâtre de Belgrade (BITEF) en 1967, dont elle fut la directrice artistique jusqu'à la fin de sa vie. En 1989, elle participa à la fondation du Théâtre Bitef.

Sur la scène de l'Atelje 212, elle a mis en scène certains des spectacles cultes de ce théâtre : l'opéra-rock « Jesus Christ Superstar », la comédie musicale « Hair », la pièce « Miracle à Šargan » et bien d'autres. Grâce à son engagement en tant que directrice artistique du Bitef, Belgrade a accueilli les plus grands noms du théâtre d'avant-garde de l'époque : Jean-Paul Sartre, Thomas Eliot, Eugène Ionesco, Samuel Beckett, etc.

Connue pour son approche courageuse et engagée du théâtre et son engagement social actif, Mira Trailović a apporté une contribution majeure et a profondément marqué le monde de l'art et de la culture. Elle est décédée à Belgrade en 1989.